• Francino aprén la lengo d’oc

    Les ouvrages élémentaires qui présentent l’état actuel du parler occitanien à l’étude de la jeune génération — espoir et continuateur du Félibrige indéfectible dans son épanouissement, ces ouvrages conçus sur le modèle classique des méthodes grammaticales en usage dans les écoles publiques, n’auraient guère de raison d’être, à la suite des nombreuses publications faisant connaître les divers dialectes de notre belle langue.

    Aussi bien, l’auteur de Francino aprèn la lengo d’Oc inaugure-t-il une méthode toute différente, grâce à laquelle l’intérêt éveillé chez l’élève efface ce qu’il y a de rébarbatif dans l’étude: sa nièce Francine, à l’âge où l’on commence à noter les différences d’élocution dans les conversations familières des camarades, à s’étonner et même à se moquer d’expressions qui fleurent le terroir, du moins, de l’avis de ces jeunes inexpériences, est rendue attentive à l’impropriété de transposer littéralement en français ces occitanismes de bonne marque et pour en éviter le mélange, se fait expliquer la valeur des expressions d’Oc, se pique au jeu et s’attache à en découvrir les beautés idiomatiques. Le français ne s’y perfectionne pas moins que l’occitanien: si bien que, son enthousiasme de néophyte aidant, elle va dépasser la mesure, ferait fi des origines latines de son parler, origines qu’elle n’est plus éloignée de placer au-dessus des divers dialectes d’Oc: Mais, mon oncle, s’écrie Francine, vous n’y pensez pas! Ce mot est un gallicisme!

    Sous cette apparence bon enfant, il ne faudrait pas, néanmoins, mésestimer la valeur de l’ouvrage que M. Bouchard d’Esquieu offre aujourd’hui à la sagacité de nos étudiants méridionaux: serait-il donc à propos d’en supprimer ce qui constitue l’originalité d’une œuvre didactique si parfaitement agencée que, d’une petite personne dédaigneuse et moqueuse, il a fait une enthousiaste, qu’il faut même rappeler à la réalité des faits, que son imagination créerait volontiers pour le bouleversement de la philologie officielle?

    Peu d’auteurs ont su rendre attrayante à la jeunesse une matière si spéciale.

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